Éditorial du président

Convention collective

L’outil le plus efficace pour protéger vos droits : La convention collective

Alors que la droite prétend que la syndicalisation n’est plus nécessaire, des entreprises comme Couche-Tard ferment des établissements rentables pour museler les travailleurs et les travailleuses qui désiraient former un syndicat. C’est bien la preuve que les défenseurs des idées de droite sont déconnectés de la réalité. Tant et aussi longtemps qu’il y aura un déséquilibre dans les rapports de force entre le patronat et les salariés et qu’il existera des employeurs pour bafouer les droits des travailleurs, la syndicalisation aura toujours sa place.

Tout récemment, un groupe d’employés et d’employées du Future Shop, situé dans l’ancien Forum de Montréal, nous a contactés pour adhérer aux TUAC 500 afin de se doter d’une voix forte pour négocier avec leur employeur qui avait décidé de façon unilatérale de modifier leurs conditions de travail en coupant les salaires et les bonis. En 3 jours, les cartes d’adhésion syndicale étaient signées par l’ensemble du groupe. À la suite du dépôt de la requête en accréditation, l’employeur a reculé et n’a pas modifié les conditions de travail qu’il voulait imposer unilatéralement.

Il est vrai qu’en unissant nos forces et en s’exprimant d’une seule voix face à un employeur, on améliore notre rapport de force. Cependant, la meilleure façon pour les travailleurs et les travailleuses de protéger leurs droits et de se prémunir contre les décisions unilatérales de leurs employeurs, c’est de négocier à forces égales les termes d’une convention collective et de la déposer au ministère du Travail. Ce faisant, ils disposent d’un outil efficace pour se protéger contre les traitements injustes et aléatoires.

Fort heureusement, qui dit « syndicat », ne veut pas dire pour autant « relations de travail tendues ». En effet, près de 95 % des négociations des conventions collectives au Québec se font sans arrêt de travail. Par ailleurs, il existe des entreprises qui n’opposent aucune résistance aux syndicats. C’est le cas notamment du détaillant de vêtements H&M qui n’hésite pas à l’écrire noir sur blanc dans son manuel de l’employé ainsi que sur son site Internet : « …Naturellement, nous veillons également à ce que nos collaborateurs aient le droit et la possibilité de se syndiquer et de choisir leurs représentants sur le lieu de travail. H&M a mené un dialogue franc et constructif avec les syndicats, ce qui a été une expérience tout à fait satisfaisante. Nous privilégions donc ce type de relations partout où nous opérons. La collaboration est une condition essentielle à l'amélioration continue de notre activité  ».

Ainsi, les salariés et les salariées du magasin H&M de Joliette ont choisi de se prévaloir de leur droit et d’être représentés par un syndicat d'envergure internationale qui se démarque par son expertise dans le commerce de détail sans que leur employeur ne fasse obstruction. Qui plus est, la responsable des communications médias de H&M Canada, Emily Scarlett, répondait ceci au journaliste Alexis Beaudet de l’Action Joliette : « Pour nous c’est quelque chose de normal…Nous respectons le choix des employés et je pense que, ça, c’est un bénéfice : on n’est pas Walmart ».

Il est rafraichissant de voir qu’il existe des entreprises qui sont aussi ouvertes d’esprit et qui considèrent les syndicats comme de réels partenaires. Nous sommes conscients que le contexte dans lequel évolue le secteur du commerce de détail et de l'alimentation est marqué par d'importants bouleversements actuellement. Notamment en raison de l'arrivée des multinationales comme Target et Walmart qui désirent leur part de marché dans plusieurs secteurs, mais aussi en raison de la mondialisation et de l’engouement des consommateurs pour l’achat en ligne. Malheureusement, ces changements, qui affectent nos magasins, font en sorte que nous sommes parfois obligés de négocier des modifications aux conditions de travail pour nous adapter à des changements de conditions de marché.

Les travailleurs et les travailleuses ont une voix forte et peuvent négocier les paramètres de leurs conventions collectives de travail. Ils ont une voix à la table des négociations ayant ainsi la chance de faire partie de la solution.