ENJEUX
Mathieu Papin
Âge : 29
Sexe :Homme
Nationalité : Canadienne
Établissement : Mercedes-Benz Gatineau
Poste occupé : Mécanicien
Ancienneté : 2 ans
Ancienneté comme délégué (e) : 6 ans (était délégué dans un emploi précédent)
Qu’est-ce qui t’a donné le goût de devenir délégué?
Et bien premièrement pour commencer il fallait être syndiqué, il fallait commencer par la syndicalisation et comme je voulais gérer mon avenir moi-même, je me suis proposé, initialement pour la négociation et ensuite comme délégué et à partir de là j'ai commencé à adhérer à ça et j'ai pris le goût c'est sûr. Tu es dans une position où, peu importe qui te parle, tu as une position respectée, tu as quelque chose à suivre, la convention collective, à suivre et à faire respecter. Pas que ça donne un certain pouvoir, mais ça donne un droit un regard. Et en même temps défendre les autres et prendre position face à des points épineux.
Tu avais l'impression que c'était le genre de fonction qui te permettrait de faire une différence?
Oui, absolument, ça, c'est certain. Sans non plus porter un poids à plus finir, en même temps le syndicat est un peu là pour ça. Toi tu es la pour prendre un peu ce qui arrive et quand tu es capable d'argumenter tu argumentes, mais sinon il n'y a pas de problèmes, tu prends les informations et le syndicat va intervenir là-dedans. Ce n'est pas toi nécessairement le syndicat, tu ne connais pas nécessairement toutes les lois par cœur par rapport à ça, alors tu y vas de ton bon jugement. À la limite à la base le délégué est juste là pour être un troisième œil, entre l'employeur et l'employé concernés et juste d'être là pour écouter et si à la limite il ne se sent pas à l'aise d'intervenir, il n'intervient pas et il relate ce qui est arrivé au syndicat et c'est le syndicat qui s'en occupe. Si tu es un peu plus à l'aise tu peux intervenir ou en faire un peu plus, mais quand tu ne te sens pas à l'aise, tu écoutes et le syndicat mettre en place un plan d'action.
Quel est l’aspect de ta fonction de délégué que tu apprécies le plus?
Comme c'est là, ici il y a moins de travail à faire parce qu'on est moins aussi, le nombre est moins élevé (ils sont 5 mécaniciens qui composent l'unité de négociation), ça reste que c'est pas mal tout le monde qui fait tout l'ouvrage aussi. Ce que j'aime le plus... ce n'est pas d'aimer ou pas aimer, mais c'est de se sentir à ta place peut-être.
Comment les TUAC500 t’aident ou t’appuient dans ta fonction de délégué au quotidien?
Bien, avec Mathieu (son représentant de service) je n'ai jamais vraiment eu de problèmes, si jamais il y a de quoi, je le texte ou je l'appelle et je lui explique la situation.
À ton avis, comment tes collègues perçoivent ton rôle de délégué?
Je pense qu'ils sont bien contents que ça soit moi qui le fasse parce que je ne pense pas qu'il y ait personne qui veut le faire non plus. Je pense qu'ils voient peut-être ça comme trop gros, ou trop difficile à supporter ou plus pesant sur les épaules, parce que veut, veut pas, à la fin de l'année, j'ai le même salaire que tout le monde. Ce n'est pas parce que je suis délégué que je fais plus. Il n'y a pas de surprime pour le travail de délégué, j'ai mon salaire et moi aussi dans ma journée je dois faire mes affaires, je m'occupe des gens, il faut que la shop roule.
Toi as-tu l'impression que c'est un poids sur tes épaules et que c'est lourd à porter?
Non, ça l'a déjà été un moment donné, mais une fois que tout le monde connait le syndicat, ça marche mieux, tu as moins de questions techniques de début peut-être, alors ça fait une différence. Mais c'est sûr que quand tu es avec une jeune équipe au départ, quand on a commencé chez Mercedes-Benz j'ai du expliquer à plusieurs personnes comment ça fonctionnait et c'était quoi les avantages, qu'est-ce qu'on avait d'écrits, etc. Mais un coup que ça, c'est fait, c'est pas un poids pour autant. À un moment donné, c'est de rouler et c'est du bon jugement aussi.
Je vais te présenter la liste des rôles de délégué et j’aimerais que tu me dises selon toi lequel est le plus important?
Le premier rôle le plus important selon moi, c'est être disponible et à l'écoute des membres, parce que si tu n'écoutes pas les personnes qui travaillent avec toi, comme délégué à la base au moment où c'est le temps de renouveler bien, tu n'en auras plus de convention, tout le monde signe leur carte et bye tu n'en as plus de syndicat. S'ils ne se sentent pas écouter, qu'ils ne sentent pas entendu et qu'ils ne se sentent pas défendus, à la base tu viens de perdre tout le principe du syndicat aussi. Tous les autres points restent quand même importants. Tout doit se faire, mais la priorité reste d'être disponible et à l'écoute des membres, parce que c'est tes membres qui font en sorte que ça fonctionne. Si tu n'écoutes pas personne et que tout le monde dans la shop a l'impression que le syndicat s'est de la «marde» et que le délégué ne fait pas sa job, et bien s'est lui qui est entaché, c'est les TUAC qui sont entachés, ce n'est pas juste la personne.
Tu te reconnais dans cette liste-là?
Oui. Il y a bien des termes qui sont larges ce qui fait en sorte que beaucoup de choses rentrent dedans. C'est au moins que tout le monde soit au courant de leur rôle, de savoir qu'est-ce que le syndicat attend de moi. Si personne ne le sait et que personne n'est au courant, personne ne va vouloir être délégué non plus.
Je vais te présenter la liste des compétences recherchées chez un délégué et j’aimerais que tu la regardes et que tu me dises celle qui te représente le plus?
Je pourrais te mettre des numéros à la place, sur ta ligne d'en haut (les compétences innées) je te dirais l'honnêteté en premier, l'entregent en deuxième et le leadership en troisième. Parce que le leadership c'est bon de mener et que les autres voient que tu es un meneur, mais ça peut se revirer contre toi si les gens pensent que tu ne fais qu'à ta tête et que tu ne les écoutes pas. L'honnêteté c'est primordial, il faut que ça soit le premier, s'il n'y a personne qui te crois et que tu as l'air d'un menteur, ça ne marchera pas.
Dans ta colonne d'en bas (les compétences à développer), si je te mettais des chiffres aussi, je mettrais l'écoute en premier, deuxième le jugement, parce que souvent les gens portent des jugements trop radicaux.
Au même titre que les rôles, est-ce que tu te reconnais là-dedans?
Moi en tout cas, ça correspond à mon profil à moi, plus que je pensais. Mis sur papier ça fait beau (rires).
Quel serait l’argument «coup de poing» que tu utiliserais pour convaincre un membre de s’impliquer et de devenir délégué?
Un argument, ça serait de lui dire, regarde c'est ta vie, c'est ton futur que tu as entre les mains, toutes tes actions vont dépendre de ce que tu vas faire. Si tu veux te faire défendre et si tu veux défendre les autres et que tu sens que tu as la colonne pour le faire, vas-y! Si tu ne te sens pas à l'aise et que tu aimerais mieux que ça soit quelqu'un d'autre qui le fasse, et bien laisse-lui la place aussi. Il faut que tu sois à l'écoute des autres, il faut vraiment que tu penses aux autres, pas seulement à toi. Tu dois être là pour les autres et pour les bonnes raisons. C'est de jongler avec ce que tu as à faire et de gérer les priorités.
Malgré que vous soyez une petite équipe ici, sens-tu que tes collègues s'intéressent à l'action syndicale?
Ils me délèguent plus ça, je te dirais. Certains sont quand même intéressés, quand tu leur expliques et qu'ils comprennent, ils sont plus à l'écoute. Quand le monde connaît pas ça, ils ne s'y intéressent pas.
Selon toi, quel genre d'action peut-on prendre pour essayer d'impliquer les jeunes et bâtir une solidarité et un intérêt syndical?
Ça fait longtemps que j'ai été jeune, même si ça ne fait si longtemps (rires), comment qu'on pourrait aller les chercher avec les syndicats, ce n'est pas en leur disant que les syndicats vont leur décrocher la lune ou vous allez être syndiqué alors vous aller faire la grosse «piasse», mais la shop va fermer 1 an après parce que le boss fait pas d'argent. C'est de défendre son point, mais de faire comprendre aux jeunes que quand on est en groupe, quand on est ensemble et que tout le monde dit la même chose et que tout le monde veut la même chose, alors l'employeur va commencer à s'intéresser à ses employés. Il y en a qui on un mauvais feeling par rapport au syndicat : «ha moi les syndicats, je n'aime pas ça». «ha oui? et pourquoi? ».